La méditation (John Stephenson)

La méditation ne consiste pas à exclure tout de votre esprit pour créer un silence. Joël Goldsmith a dit que nous devrions être capables de méditer dans une usine de chaudières. Nous avons eu ce matin matière à pratiquer en ne réagissant pas aux bruits extérieurs, et c’est justement cette non réaction qui est la clé d’une méditation réussie. Si nous pensons que notre expérience de la présence de Dieu dépend de quelque chose que nous devons créer en nous-même, nous nous trompons. La présence de Dieu est toujours avec nous, toujours au-dedans de nous, et c’est notre conditionnement qui met des restrictions sur notre expérience de cette Présence. Si nous croyons que nous devons être dans un silence absolu avant de pouvoir expérimenter cette Présence, chaque fois qu’il y a un bruit, nous somme perturbés, parce que nous avons à l’esprit un concept de ce dont nous avons besoin pour expérimenter la Présence.

En fait, rien ne peut nous séparer de Dieu au-dedans de nous. L’idée qu’une atmosphère bruyante ou un mental agité va nous empêcher de faire cette expérience n’est donc pas exacte. Faisons tout de suite un exercice de méditation. Fermons les yeux, et devenons conscient de l’activité de notre mental. Si nous avons des pensées qui nous viennent, nous n’essayons pas de les chasser. Nous les regardons sans réaction. Lorsque j’étais enfant, ma mère m’a appris à méditer de la façon suivante. Elle m’a dit que le mental est comparable à une autoroute sur laquelle circulent beaucoup de voitures, et que je suis devant l’autoroute, regardant passer les voitures. Certaines sont très attirantes, des voitures de sport ou des berlines luxueuses ; certaines ne le sont pas : les camions, les vieux tacots.

Si mon esprit, en voyant ces véhicules, est attiré ou bien les refuse, je commence alors à perdre mon détachement. Si j’ai envie de monter dans une de ces voitures et de faire un tour, je perds mon objectivité. De même, si j’ai peur des gros camions et s’ils me perturbent, je perds de nouveau mon objectivité. Ainsi, nos pensées sont comme ces voitures. Les pensées qui nous viennent et nous traversent l’esprit ne nous sont pas personnelles, elles sont universelles. Tout le monde a plus ou moins les mêmes pensées. Si vous vous inquiétez pour votre famille ou un de ses membres, c’est une pensée universelle. Vous n’avez pas besoin d’être Français, États-unien ou Chinois : tout le monde a ce même genre de pensées.

Nous n’avons donc pas à nous identifier à ces pensées en disant : « Ceci est ma pensée ». Si nous résistons à une pensée qui nous vient, nous nous identifions à elle parce que nous portons notre attention sur elle et que nous la personnalisons. Si nous pouvons donc regarder les pensées et ne pas être attirés par les bonnes ou effrayés par les mauvaise, nous constatons que notre esprit devient calme et que le silence vient dans ces moments de détachement. Nous cherchons à découvrir le silence, les espaces entre les pensées. Sur une autoroute, il y a toujours des espaces entre les voitures, et en faisant attention aux espaces et non aux pensées, nous devenons conscients du silence, car il fait partie de notre être.

John Stephenson