La conscienceConférence donnée par Emmet Fox à Kansas City en 1946, à Unity (mouvement spirituel créé par Charles et Myrtle Fillmore).Je ne vais pas tenter de vous donner une définition complète de la conscience. Il me faudrait séjourner environ un mois en pleine montagne, loin du téléphone, pour que je puisse essayer d'expliquer ce qu'elle est et ce serait si long que personne n'aurait le courage de me suivre!
Le Webster* nous a fourni de bonnes idées sur le sujet de la conscience mais, naturellement, le Webster n'a pas tout exprimé sur la conscience. Vous savez cependant ce que nous voulons dire quand nous en parlons.
En métaphysique, nous butons sans cesse sur le sens des mots. Les différentes écoles de métaphysique pratique emploient des mots qui ne sont pas semblables. Les professeurs se servent d'autres noms pour exprimer la même idée, mais souvent ces divers auteurs et professeurs sont d'accord sur le fond. C'est seulement parce qu'ils se servent d'autres termes qu'ils pensent être en désaccord.
En anglais, il y a des mots qui signifient : montre, livre, bureau. Un Français, un Suédois, chacun dans sa langue respective, emploie un mot qui n'est forcément pas le même pour désigner ces choses, et pourtant ce sont les mêmes objets dont il s'agit.
Aujourd'hui, je ne vais pas vous parler uniquement du subconscient ou, ainsi que le nomment habituellement certains auteurs médicaux, de l'inconscient. Je ne vais pas non plus vous entretenir de ce qu'est l'attention consciente, mais plus particulièrement de votre mental. La psychologie universitaire l'appelle souvent le psychisme.
Celui-ci se compose de toutes vos idées, de toutes vos croyances, de tout ce que vous avez enregistré et accepté. Tout s'y trouve réuni, le bon, le mauvais et, aussi, ce qui est sans importance. Rien ne manque. C'est tout ce ramassis qui détermine ce que vous serez, ce que vous faites et ce que vous possédez. Votre vie est le reflet de ce que votre mental a emmagasiné. Il représente strictement votre personnalité. Votre personnalité est l'expression de ce que vous pensez. Voici donc bien définie ce qu'est votre personnalité.
La différence entre une personne sincère - une personne intègre - et une personne malhonnête réside uniquement dans le fait que la personne intègre pense que l'intégrité est la règle et que la malhonnêteté, au contraire est dégradante et n'apporte rien ; à l'inverse, la personne malhonnête pense qu'elle peut tromper et en tirer profit et que l'intégrité c'est bon pour les sots. Quelle que soit la conception adoptée que vous croyez être bonne, elle exercera une action directe et certaine sur que vous êtes. Les groupements qui s'occupent de métaphysique pratique ont pour objet de faire comprendre ce point et d'en expliquer le pourquoi. Tout le monde, en général, croit que l'on peut changer les circonstances extérieures et que le mental changera en raison directe, mais c'est l'exact opposé qui est vrai. Jésus savait que le monde était dans l'erreur et il enseigna ce qui est vrai.
Il vous faut apprendre que vous ne pouvez pas acheter les choses qui ont réellement de l'importance, mais que vous devez les acquérir par vous-mêmes. Vous ne pouvez pas acheter la tranquillité de l'esprit. Vous ne pouvez pas acheter la santé. Vous ne pouvez pas acheter la compréhension spirituelle. En fait, vous ne pouvez même pas acheter ce dont vous avez besoin - bien qu'il semble que vous le puissiez : en effet, avant de pouvoir le faire, il faut que vous sachiez que vous avez l'argent nécessaire. Tout se trouve donc ramené à la question de la conscience.
La seule chose que vous ayez véritablement la possibilité de modifier dans ce monde est votre conscience. Quand elle se modifie, les circonstances extérieures se modifient aussi. Tout ce qui nous entoure n'est qu'une émanation de notre conscience. Le seul moyen que vous ayez de modifier votre conscience est de vous rendre compte toujours un peu plus de la présence de Dieu. Il n'y a pas d'autre moyen. Vous pouvez tout essayer, mais rien de ce que vous ferez ne changera votre conscience : les mêmes manifestations de votre conscience première se produiront. Vous pouvez vous livrer à toutes sortes de gymnastiques mentales, mais en pure perte. C'est ce qui explique pourquoi la psychologie, comme on l'entend habituellement, ne vous conduit nulle part. Je ne parle pas, bien sûr de la psychologie universitaire, qui est très utile. Je veux parler des enseignements qui vous diraient : "Représentez-vous ce que vous désirez, et Dieu vous le donnera".
Vous ne pouvez pas donner des ordres à Dieu. Si vous avez la sottise impudente de le faire, vous n'aboutirez à rien, car Dieu n'a pas à recevoir d'ordre de votre part. Bien au contraire, il ne peut en résulter que des ennuis pour vous car ce procédé est nuisible pour vos facultés mentales et ne peut que les déséquilibrer. Je ne veux pas dire que Dieu sera courroucé ou qu'il vous punira, mais le fait de prétendre, par la force de la volonté, donner des ordres à Dieu ou à l'Esprit créateur, n'est qu'une manière de camoufler un désir de toute-puissance. C'est donner à la force de la volonté un pouvoir qu'elle n'a pas.
La seule chose qui puisse vous améliorer ou améliorer ce qui vous entoure est d'avoir un plus juste sentiment de la présence de Dieu que vous ne l'avez à l'heure actuelle. Si vous ne priez jamais, vous resterez ce que vous êtes et vous irez de par le monde comme une ombre errante reflétant les fausses idées humaines de la fatigue, de la déception, de la vieillesse et, enfin, de la mort.
En revanche, si vous avez acquis en 1946 (2006), une conception plus claire et plus vraie de la réalité, 1947 (2007) sera pour vous une année bien meilleure que cela n'aurait été le cas autrement. L'ensemble de l'humanité en profitera aussi à cause du travail que vous aurez pu accomplir. Qu'est-ce qui pourrait vous changer si ce n'est la prière? Et la prière vous modifie toujours!
La prière est ce qu'il y a de plus important, la seule action réelle. Ayant compris cela, il y a des gens qui ont commis l'erreur de se dire : « Si cela est le cas, je vais m'isoler dans une grotte dans les montagnes ou au désert et je ne ferai que prier jour et nuit. »
Beaucoup de personnes ont essayé et s'en sont repenties. Ce n'est pas naturel. Ce n'est pas bien. Jésus a dit qu'il priait, non pas pour que ses disciples soient ôtés du monde, mais pour qu'ils restent dans le monde et en triomphent.
Nous-ne devons pas essayer d'échapper à la vie, nous devons la regarder en face et en triompher. C'est là où vous êtes que vous devez trouver Dieu. Nous le trouvons véritablement quand nous savons que le lieu où nous sommes est un lieu sacré. Le seul endroit où vous puissiez rendre témoignage à la vérité est dans votre travail quotidien, en faisant chaque jour votre besogne, qui à son bureau, qui à l'usine, qui à son établi ou dans une tâche de maîtresse de maison, au foyer. Là où vous appelle votre tâche journalière, là est le lieu où vous devez sentir et manifester la présence de Dieu. Vous ne devez pas pour cela vous servir de mots spéciaux. Les paroles importent peu. C'est la pensée qu'elles manifestent qui a de l'importance. Les meilleurs mots sont ceux qui ont un sens réel pour vous.
Il n'y a pas d'autre chemin. La présence de Dieu ne s'obtient pas à force de lectures. Il y a des gens qui lisent beaucoup trop de livres de métaphysique. Un peu de lecture devrait se manifester par beaucoup d'activité, par des actes et une attitude qui traduisent votre compréhension de la vérité. Quelle utilité y a-t-il à acheter vingt livres traitant de la natation, à les lire les uns après les autres, si vous ne vous jetez jamais à l'eau pour nager? Vous ne vous faites réellement pas de bien si vous vous contentez d'assister à des réunions, si haute qu'en puisse être l'inspiration, si vous n'exprimez pas dans votre vie ce que vous avez appris, ou ce que vous prétendez avoir appris. Vous ne progressez que lorsque, dans votre vie quotidienne, vous montrez par vos actes, l'inspiration reçue.
Dans votre vie mondaine, dans la façon dont vous pratiquez les sports, dans les manifestations de votre santé et jusque dans vos violons d'Ingres, voilà où vous devez démontrer votre compréhension et faire vos progrès.
J'insiste particulièrement sur ce point car, au cours de ces années, j'ai rencontré tant d'étudiants sincères qui n'avaient pas compris l'importance de la pratique et qui, de ce fait, n'avaient guère avancé. Peut-être ont-ils, sans le savoir, nourri une pensée qui pourrait ainsi se traduire : « Ici, c'est la vie du monde... elle m'ennuie, je la déteste ! La vie avec Dieu est là-bas, et c'est là que je voudrais être. Je voudrais y aller !» Parfois, ils regardent au-dessus d'eux et, sans se rendre compte de leur erreur, ils pensent :« Dieu est là-haut, je dois m'efforcer d'y monter. »
À mes élèves, j'ai dit un jour : « Se contraindre est mauvais. J'ai remarqué chez quelques-uns d'entre vous une expression de contrainte pendant nos exercices. Si Dieu se trouvait à un étage supérieur à celui sur lequel nous nous trouvons, j'aurais loué une pièce au-dessus ! » Cela les fit sourire. Cette petite pointe d'humour les détendit. "Pensez à Dieu comme étant avec vous. C'est tout ce dont vous avez besoin." L'autre jour un étudiant me demanda s'il devait penser à Dieu comme étant avec lui ou en lui. Je lui répondis de ne pas se mettre l'esprit à la torture pour une préposition. « Il est plus près que votre souffle, plus près que les mains et les pieds » .
Entraînez vous à voir Dieu partout. Quand une idée négative se présente à vous dans votre travail quotidien, refusez de la laisser entrer chez vous et encore moins de s'y installer. Ne prétendez pas qu'elle n'existe pas, que c'est une erreur, mais n'y croyez pas, tout simplement. Exprimez la vérité, c'est-à-dire Christ. Si non, vous n'exprimez pas le Christ et vous ne pouvez pas développer votre spiritualité. Si vous vous trouvez dans une réunion mondaine ou à un déjeuner d'affaires, et qu'une des personnes présentes tienne des propos très négatifs, que ferez-vous ? Ne la rebutez pas, ne la contredisez pas et n'ayez pas non plus un air de désapprobation, de sainteté "ontologique" offusquée; contentez-vous de refuser d'accepter mentalement le récit négatif.
Supposez que la personne dise " Paris se trouve dans les Pyrénées". Il sera probablement plus sage de ne pas commencer à discuter ! Vous ne croirez pas cette erreur, et, en conséquence, vos lettres ne s'égareront point!